"Poussières d'étoiles" (Stardust)
Voyage spatial pour viole de gambe
une composition de Jean-Marie Gagez
inspirée des travaux de Alice Aléon
"Poussières d'étoiles" (Stardust)
Voyage spatial pour viole de gambe
une composition de Jean-Marie Gagez
inspirée des travaux de Alice Aléon
Jean-Marie Gagez
Compositeur, Jean-Marie Gagez est agrégé titulaire d’un Master de musicologie et de quatre 1er prix du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il s’est formé auprès de musiciens reconnus comme Jean-François Zygel et Jean-Claude Reynaud pour l’harmonie, Pierre Pincemailles pour le contrepoint, Olivier Trachier pour les polyphonies anciennes, Guillaume Connesson et Marc-André Dalbavie pour l’orchestration. Il s’est fait connaître en 2011 en collaborant avec les Ministères de la Culture et de l’Écologie pour la création d’une œuvre célébrant le 400ème anniversaire du phare de Cordouan[1]. Passionné par l’histoire des arts, la philosophie et les spiritualités du monde, ses œuvres sont conçues comme des voyages poétiques à travers l’espace et le temps, cherchant à exprimer un sentiment d’élévation qui transcende la matière.
[1] https://www.youtube.com/watch?v=9hMoim8tXFw
Jean-Marie Gagez présente sa composition :
"Poussières d'étoiles" (Stardust), voyage spatial pour viole de gambe.
M’étant toujours intéressé à l’espace, j’ai choisi de travailler sur le thème des comètes, ces corps célestes si particuliers qui, de tout temps, ont fasciné les hommes. Considérées par les anciens comme objets de vénération ou signes annonciateurs de catastrophes, suscitant des réflexions philosophiques, métaphysiques ou astrologiques, elles sont aujourd’hui étudiées comme des vestiges quasi inaltérés de la formation du système solaire, vestiges dont l’importance est d’autant plus grande qu’on leur attribue un rôle clé dans la présence d'eau sur Terre et dans l'apparition du vivant sur notre planète.
Avec la contrainte des instruments baroques, j’ai commencé par chercher des idées musicales à partir d’une description simple que donnait en son temps l’astronome Kepler (1571-1630) : « La tête est comme une nébuleuse accumulée, un peu transparente ; la queue ou la chevelure est une effluve de la tête, expulsée par les rayons du Soleil dans la direction opposée, et dans cette effusion continuelle la tête est finalement épuisée et consumée, si bien que la queue signifie la mort de la tête. » Puis, pour aller plus loin et élaborer la narration de l’œuvre, je me suis inspiré des connaissances actuelles expliquant les différentes phases d’évolution d’une comète qui, en s'approchant du soleil, se retrouve soumise à différentes forces – vent stellaire, pression de radiation, forces gravitationnelles des planètes ainsi que du Soleil et forces de réaction produites par l'expulsion des jets de gaz et de poussière – rendant souvent son orbite instable sur le long terme. Sous l'action de ces forces, une comète peut connaitre une fin prématurée par éclatement ou s'écraser sur une planète, ou encore être expulsée du système solaire. Lorsque le stock de glace présent sur la comète s'est épuisé après un nombre variable de passages près du Soleil, elle « s’éteint » et prend les caractéristiques d'un astéroïde.
Pour donner à la musique la dimension d’un voyage spatial, j’ai traité la viole de gambe comme un petit orchestre, en insistant beaucoup sur l’aspect harmonique de l’écriture. De même, il m’a paru naturel de faire référence à la musique instrumentale du 17e siècle, époque charnière pour la vision du cosmos dans laquelle coexistent encore monde ancien et monde moderne, deux mondes qui vont mesurer leur antagonisme lors du passage de la grande comète de 1680, l'une des plus brillantes – réputée visible même en plein jour – et qui ne manqua pas de frapper les esprits, notamment par sa longue chevelure spectaculaire. D’où l’utilisation dans l’œuvre de certains procédés musicaux caractéristiques de cette époque comme celui de la basse obstinée.
Au cours de ce processus créatif, les échanges avec la chercheuse Alice Aléon-Toppani, ainsi que la visite du laboratoire de l'Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et de Cosmochimie au Museum National d'Histoire Naturelle avec le chercheur Jérôme Aléon, ont été déterminants pour me permettre d’appréhender la nature singulière de ces corps célestes et d’en mesurer les implications dans la recherche contemporaine.
Le titre « Poussières d’étoiles » fait référence à la nature même des comètes et à la mission spatiale Stardust lancée en 1999 par la Nasa qui rapporta sur Terre les premiers échantillons de la chevelure d’une comète. Et puis, comme le disait Hubert Reeves, « nous sommes tous des poussières d’étoiles »…
Aux confins du système solaire se trouvent les comètes et les astéroïdes qui portent à la fois des archives de sa formation et les briques de la vie,
un sujet proposé par Alice Aléon, maitre de conférence à l'Institut d’Astrophysique Spatiale (CNRS & Université Paris Saclay)
Comète Hale-Bopp (E. Kolmhofer, H. Raab; Johannes-Kepler-Observatory, Linz, Austria).