L'inflation cosmique et la fin des âges sombres
une composition de Geoffrey Gordon,
inspirée des travaux du Pr. Hervé Dole, astrophysicien
L'inflation cosmique et la fin des âges sombres
une composition de Geoffrey Gordon,
inspirée des travaux du Pr. Hervé Dole, astrophysicien
Geoffrey Gordon
Les contributions du compositeur anglo-américain Geoffrey Gordon au répertoire de la musique contemporaine ont été et continuent d’être exceptionnelles. Sa musique a été qualifiée de « mélancoliquement séductrice » (New York Times), de « complexe, profondément épanouissante » (BBC Music Magazine), « époustouflante » (Philadelphia Inquirer), « iridescente et ardente » (The Chicago Tribune), « rigide et exaltante » (Classical Ear), « envoûtante » (Strings Magazine), « captivante » (Bachtrack) et « remarquable » (Fanfare). Le critique musical du Chicago Tribune, John von Rhein, a dit du lux solis aeternade M. Gordon qu’il était « une beauté cosmique d’une musique minutieusement élaborée ». Le London Philharmonia parle de « son style contagieux » et d’« une oreille pour la mélodie », le New York Times de son « enthousiasme pour l’expérimentation sonique ».
Le Philharmonia va interpréter la première du concerto pour clarinette basse Prometheus de Geoffrey Gordon, inspiré de la version revisitée de Franz Kafka, à la RFH de Londres www.philharmonia.co.uk/concerts/2132 ; les premières américaines et nordiques suivront en 2019 et seront jouées par l’Orchestre du Minnesota et l’Orchestre symphonique de Malmö. Sa mise en musique enchanteresse d’Ode à un rossignol de Keats, pour chœur et violoncelle, a été créée en mai 2018 à Copenhague et figurera sur un nouveau CD de trois de ses œuvres pour violoncelle enregistrées par le Copenhagen Philharmonic sous la direction de Lan Shui. Ses cycles de chansons, Peter Quince at the Clavier et Sonnets from Neruda ont été créés en mars 2018 au Centre Arnold Schoenberg de Vienne, et en octobre 2017, l’Orchestre philharmonique de Munich dirigé par James Gaffigan a joué son concerto pour trompette CHASE d’après les sculptures de Giacometti. Sa sonate pour violoncelle FATHOMS a été créée à Carnegie Hall en décembre 2015 et son Winterleben pour cor, mezzo et piano (commandé pour Andrew Bain, premier cor de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles,), a été interprété pour la première fois en août 2015 dans le cadre du 47e Symposium international dédié au cor organisé à Los Angeles. Son concerto Saint Blue pour trompette, piano et cordes a été salué dans le BBC Music Magazine et son Harmonie pour soprano et violoncelle a été sélectionné comme lauréat du concours BCMG Marx Lieder, et présenté pour la première fois à Trèves et Birmingham en septembre 2018. Gratifié de plusieurs résidences internationales, il a été compositeur en résidence à deux reprises à la Aaron Copland House et a remporté le prix Mario Merz 2017 dans la catégorie composition musicale.
Geoffrey Gordon présente sa composition : "L'inflation cosmique et la fin des âges sombres" pour clarinette basse (jouant aussi clarinette en sib), harpe, piano, quatuor à cordes.
Une grande partie de mon travail a été influencée, de diverses manières, par mon intérêt profond pour la science, non seulement la science de l’acoustique et les mécanismes de la musique comme exploration sonore, mais également les nombreux aspects de l’étude scientifique qui semblent avoir une affiliation naturelle avec la musique. Des motifs visibles et brillants en forme de disques qui apparaissent dans les panaches d’échappement des systèmes de propulsion aérospatiale, appelés disques de Mach, aux propriétés extraordinaires des neutrinos (qui sont devenus la base de mon œuvre de musique de chambre, lux solis aeterna), j’ai trouvé de la musique dans la science. Il était donc naturel pour moi de vouloir faire partie du projet Muse-IC. J’étais très heureux de pouvoir explorer l’univers primitif, car cela m’intéresse tout particulièrement.
Le privilège de travailler avec l’astrophysicien Hervé Dole était véritablement unique. Ses recherches sont extraordinaires et créent un partenariat naturel avec le son. J’ai trouvé que son travail était profond et vraiment inspirant. Ce fut un grand plaisir d’échanger avec lui. Tant d’inventions sonores sont enfouies dans cette recherche sur les vibrations et les motifs de l’univers primitif : le défi était de parvenir à regrouper ces idées en une œuvre de musique de chambre de dix minutes ! Ma musique contient de nombreux corollaires qui découlent directement des recherches du professeur Dole, de l’inflation cosmique de l’univers primitif au lendemain du Big Bang à la transparence de l’univers et à la dispersion de la lumière qui a suivi. Tout y est à découvrir. Ce morceau exprime la violence et la transparence de ces moments intenses de création, en tant que paysage musical composé de groupes de sonorités et d’harmoniques limpides, de pizzicati aux cordes, de glissandi de harpe intermittents et de gémissements profonds de la clarinette basse. En dix minutes concises, la musique de ce moment extraordinaire de la vie de l’univers est exprimée et explorée. Il y a des mathématiques dans la musique, mais le son de la création, inspiré par la science, est exécuté ici comme un son pur.
Et ce mélange de science et de son continuera d’influencer longtemps mon travail de compositeur, j’en suis convaincu.
Les premières vibrations de l'univers, et la quête des premiers amas de galaxies,
un sujet proposé par Hervé Dole, professeur d'astrophysique à l'Institut d’Astrophysique Spatiale (CNRS & Université Paris-Sud)
Le satellite Planck a été lancé en 2009 pour mesurer avec une précision sans précédent les propriétés de la lumière du rayonnement fossile – aussi appelé fond diffus cosmologique, sorte d’écho lumineux du Big Bang qui traduit ses premières vibrations. Les scientifiques de la collaboration Planck ont publié deux séries de résultats cosmologiques, parmi lesquels les mesures les plus précises jamais obtenues de l’âge de l’Univers et sa composition globale. De plus, les données apportent un éclairage nouveau sur deux périodes particulièrement énigmatiques : l’inflation juste après le Big Bang et la sortie des âges sombres quand les premières étoiles et galaxies se sont formées. L’analyse des données Planck révèle, en outre, une mine d’informations impressionnantes concernant la formation des grandes structures : amas de galaxies, galaxies.
Dans ce cadre, le Professeur Hervé Dole a mené des travaux de recherche en vue de découvrir les premiers amas de galaxies (grandes structures composées de galaxies, de matière noire, de matière traditionnelle notamment).
Image du ciel observé par Planck en polarisation, et révélant notre Voie Lactée, et les vibrations de l’univers jeune. © ESA & the Planck Collaboration.
Ces premières grandes structures sont issues des premières vibrations de l’univers. Les relations entre musique et astrophysique et cosmologiques sont donc potentiellement fructueuses. Les autres résultats importants de Planck proviennent des premières vibrations de l’univers. Ces vibrations (les astrophysiciens utilisent le terme d’« oscillations acoustiques ») dans l’univers jeune encore composé de plasma chaud se retrouvent dans la lumière que nous observons aujourd’hui. Ce rayonnement fossile, ou rayonnement cosmologique, des débuts de l’univers est scruté de nos jours par les satellites puisqu’il nous renseigne sur les tous premiers instants de l’univers et ses processus physiques.
L’ensemble de ces découvertes est résumé dans le livre Le côté obscur de l’univers (2017, Dunod). Tous ces aspects sont également susceptibles de susciter une interprétation musicale.
L'image ci-dessous est tirée du communiqué de presse ESA sur les travaux du Pr Hervé Dole concernant la découverte de candidats amas de galaxies très lointains. En bas au milieu la totalité du ciel observé par Planck à 545 GHz, avec en points rouges les candidats identifiés, puis observés par Herschel. Tout autour quelques images de Herschel, avec les contours de densité de galaxies.
©!Dole, Guéry, Hurier, ESA, Planck Collab., HFI consotrium, IAS, CNES, univ. Paris Sud, CNRS